> Clémentine <

Un mois plus tard ...

Je peux enfin revoir la lumière du jour, les rayons du soleil réchauffent la peau de mon visage en attendant que Monsieur Hypocrite daigne me conduire à l'école, et oui le bus, c'est terminé, en faisant ma rebelle, j'ai perdu le peu d'avantage auquel j'avais droit .... Je ne pensais pas pouvoir le revoir un jour, mais si enfin, je suis libérée. Vous vous souvenez de cette fameuse soirée où j'ai appris que cet enfoiré de Joey m'avait menti sur toute la ligne, je suppose ? Et vous vous souvenez aussi que j'ai fini par m'endormir sur le toit avec Raphaël, autant vous dire que j'ai reçu la raclée du siècle, c'est la première fois que ma mère a levé la main sur moi, je savais pertinemment qu'elle serait en colère, mais pas au point de m'en coller une, je ne m'y attendais vraiment pas. Je ne l'ai jamais vu comme ça, j'ai cru qu'un démon allait sortir de son enveloppe corporelle, si elle avait eu des flingues à la place des yeux elle m'aurait mitraillée sur la place de l'église. J'ai passé un long mois enfermée dans ma chambre, j'avais le droit de sortir pour manger et suivre des cours à domicile, avec Don Berto, un vieux Monsieur plus chiant que chiant. 

[Retour à ce fameux jour...]

Ce matin-là, j'ai eu du mal à ouvrir les yeux, pas parce que j'avais mal dormi au contraire, mon cœur ne fit qu'un bon quand je compris où j'étais, Raphaël était juste à côté de moi dans son duvet, il dormait à poings fermés, je n'étais pas rentrée de la nuit et je voyais déjà ma mère sur le perron les yeux rouges de colère attendant mon arrivée. Je vais me faire tuer. En me levant du sac de couchage, j'ai trébuché pour atterrir pile sur Raphaël, comment réveiller quelqu'un en douceur. Il ouvrit les yeux, ne comprenant pas ce que je faisais sur lui.

- Salut toi, bien dormi ?
- Je suis désolée, j'ai trébuché, je dois vraiment filer, je vais me faire tuer ! 
- Merde ! 

Raphaël s'étira après s'être relevé. 

- Tu veux que je te raccompagne ?
- Surtout pas ! 
- Je suis désolé. Je ne voulais pas te causer d'ennuis. 
- C'est ma faute pas la tienne, t'inquiète pas. 

J'avais récupéré les quelques affaires que j'avais sur moi hier, prête à voler jusqu'à la grande demeure qui me sert de maison. J'ai le cœur qui s'emballe...

- À bientôt Clém …
- Si je ne suis pas morte avant qu'on ne se revoit ! 

Il avait esquissé un petit sourire, mais je ne rigolais pas vraiment. Je savais que ce week-end serait un week-end de la torture, et je ne croyais pas si bien dire. J'avais réussi a chopé le bus, j'en menais pas large quant au bout de la rue, ma mère m'attendait sur le perron, je le savais, je la connais par cœur. Je suis sortie, tête baissée, j'avais les jambes en coton ,qu'elles ne voulaient même plus me faire avancer, et en moins de temps qu'il n'en faut, elle m'attrapa les cheveux pour me traîner à l’intérieur.

- Je veux savoir où tu étais tout de suite !
- Maman laisse-moi t'expliquer ! 
- Je ne veux rien entendre ! Si tu penses que tu vas t'en tirer comme ça, tu rêves jeune fille, je vais te faire vivre un enfer pour te montrer qui décide dans cette maison ! 
- Mais mam... 

Elle ne m'avait même pas laissé finir, qu'elle m'avait lancé sa tasse de thé au visage, jamais ça n'avait été aussi violent par les gestes, certes elle m'a toujours parlé comme une moins-que-rien, c'était plutôt de la maltraitance mentale, mais ça n'est jamais allé aussi loin …. Et puis vous savez la suite, j'ai bien compris la leçon, je crois, ce jour-là, j'ai vu dans ses yeux de la haine, alors que jamais je n'aurais imaginé qu'on puisse regarder son enfant avec autant de mépris. Je n'ai pas dit un mot.
Durant cette période de séquestration, parce que oui, je l'ai pris comme ça, mais qu'est-ce que j'aurais pu dire de toute façon ? J'étais en tort, je savais ce que je risquais,à l'instant même où j'ai décidé d'aller dans cet hôtel, c'était déjà une erreur. Toute ma vie n'est qu'une triste erreur... 
Après la rouste que maman m'avait mise, j'étais montée aussi rapidement que possible m'enfermer dans ma chambre, et qu'est ce que j'ai pleuré ce jour-là et comme si ça ne suffisait pas, Monsieur Parfait était venu en remettre une couche. 

- Ta mère m'envoie te dire que ton prof à domicile viendra lundi pour ton premier cours.
- Comment ça ? 
- Tu vas rester à la maison quelques temps, histoire que tu comprennes bien que tu ne peux pas faire ce que tu veux sous notre toit. 
- Et les cours ? Mes amis ! Vous ne pouvez pas faire ça... 
- L'école est déjà au courant, ta mère leur a envoyé un mail, pour tout leur expliquer. 
- Mais ...
- Tu n'as rien à dire... Nous prenons le droit de faire ce qui nous semble être le meilleur pour ton éducation, nous sommes tes parents jusqu'à preuve du contraire, donc nous décidons ce qui est bien ou non pour toi. Litia viendra soigner ce petit bobo. 

Je ne pouvais pas le laisser dire ça, quitte à empirer la situation, tant pis... Hors de question qu'il s'accapare un rôle qui ne lui appartient pas. 

- Grégory qu'on soit bien clair, TU NE SERAS JAMAIS MON PÈRE !! Je te déteste, je vous déteste tous les deux ! Vous n'êtes que des monstres ! 

Il était parti fâché, en claquant la porte, s'il pense une seule seconde qu'il a quoi que ce soit à me dire lui, il peut se mettre le doigt dans l'œil et bien profond. 

[Retour dans le présent...]

Et voilà maintenant vous savez comment s'est déroulée toute cette merde. Qui dit punition, dit plus de téléphone, alors je ne sais pas si Mila sait pourquoi j'étais en voie de disparition, si les profs se sont inquiétés. M'enfin, la punition est levée, maman avait appelé le lycée vendredi et m'avait lancé le plus noir des regards avant de me cracher « Tu as contrôle d'Espagnol lundi, tu as intérêt à le réussir ». À mon grand étonnement, je pensais qu'elle m'aurait interdit d'aller à la sortie scolaire, mais je suppose qu'elle s'abstient en étant certaine que je vais louper mon contrôle. Mais, vu comment je l'ai bûché pendant des semaines avec Litia, c'est sûr, je vais le réussir haut la main et du coup elle sera bloquée et ne pourra pas m'interdire d'y aller vu que c'est le deal avec l'école. 

J'avoue que j'ai un peu le stress, je ne sais absolument pas ce que je vais raconter à Mila, la vérité ? Je ne sais même pas si elle va me croire, mais une chose est sûre, c'est que là tout de suite maintenant j'ai juste envie de la serrer fort dans mes bras.