> Clémentine <

Le cours de Monsieur Dexter avait été un enfer, bon oui, j'exagère peut-être un peu, c'était pas si horrible et puis les profs de sciences sont toujours super chiants non ? L'avantage du self ici, c'est qu'on passe assez rapidement et on en sort tout aussi vite, la bouffe est dégueu, franchement vu les donations des parents, ils pourraient faire un effort sur la nourriture, tous les midis, j'ai l'impression de manger à l'hôpital. Les épinards ressemblent à du vomi de vache, c'est vraiment pas ragoûtant.

Mais pour le coup, je suis de bonne humeur maintenant, voyons les choses positivement, la matinée est terminée, et j'ai cinq heures de liberté, j'en suis toute excitée, je n'ai toujours pas pu voir Joey, il est tellement accaparé par cet intervenant qu'il ne m'a même pas lancer un petit regard. J'vais lui envoyer un sms pour savoir s'il va pouvoir m'accorder quelques galipettes dans un hôtel où on a l'habitude d'aller, il n'a jamais voulu m'emmener chez lui, pour cause, Zarinkia la surveillante habite à deux maisons de chez lui. Bien trop dangereux pour notre idylle. Je préférerais passer mes cinq heures de libre à baiser comme une dingue que de les passer à la bibliothèque à réviser avec Mila. Même si je vous l'accorde, ça serait bien plus judicieux. Mais franchement de vous à moi qui refuserais un cinq à sept avec le plus sexy des professeurs ? Qui est d'ailleurs extrêmement doué avec sa langue. Oh en parlant du loup, j'en vois déjà la queue, il vient de rentrer dans la salle des professeurs, et bien sûr, il est suivi de près par le pot de colle. Mila me sauta dessus. 

- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne sais pas encore ! 
- Tu viens avec moi à la biblio pour réviser ton espagnol ou bien, tu vas retrouver ton mystérieux garçon ? 
- C'est un choix très difficile ! 
- C'est ça ouais prend moi pour une imbécile ! 
- Tu me laisses dix minutes ? Si je te rejoins à la bibliothèque, c'est que ma partie de jambes en l'air est repoussée. 
- Ok ! 

Elle était partie en sautillant, c'est sûr que pour elle la biblio est un havre de paix, elle y passerait toutes ses journées si elle le pouvait. D'ailleurs, si j'avais le choix entre rentrer à la maison ou aller à la bibliothèque mon choix serait vite fait aussi, plus je passe du temps loin des deux vieux hypocrites mieux je me sens. Et pourtant, je déteste la bibliothèque ! 

Le temps passe, je dois prendre le bus pour aller à l'hôtel ! Bah, oui, Joey ne peut pas m'y conduire dans sa super mustang de collection, ça ne serait pas vraiment discret. 

J'ai fait mine de fouiller quelques minutes dans mon casier espérant de tout cœur le voir sortir, mais rien. Un petit sms fera l'affaire ! 

- « Un cinq à sept ça te dit ? » 

Pas de réponse, enfin, je ne peux pas non plus exiger une réponse immédiate, je suis trop impatiente, le pire défaut que je peux avoir. Je vais ptêtre éviter de rester collée à mon casier, ça risque d'être suspect ou alors je suis complètement parano. Mon téléphone vibre, le cœur battant et croisant les doigts de tout cœur que ce soit mon Don Juan qui accepte de me faire l'amour comme il sait si bien faire, mais en déverrouillant mon téléphone, la déception fut grande « Maman », putain fais chier ! Qu'est-ce qu'elle me veut encore. 

- « Bonjour Clémentine, j'ai vu la mère d'Holly il y a cinq minutes, sa fille lui a dit que votre professeur était absent cette après-midi, où es-tu ? Pourquoi n'es-tu pas encore à la maison ? » 

Fait chier putain ! Et cette petite garce ne peut pas fermer sa bouche, non, elle est toujours obligée d'aller colporter des trucs. Maintenant, j'ai le choix, sois je rentre pour passer encore ma journée dans ma chambre à me morfondre sur mon lit léopard, toute seule a penser au plaisir que je vais louper ou alors je continue mon mensonge... Quitte à ce qu'elle l'apprenne plus tard. Fffffff. Mon téléphone vibre à nouveau, il ne serait pas impossible que ce soit encore ma mère qui commence à me harceler, car je ne lui réponds pas dans les deux minutes qui me sont imparties. Mais non, c'est mon âme sœur.

- « Dans vingt minutes dans notre lieu habituel »

Il me fait craquer, il est tellement doux avec moi, avec lui, je prends peu a peu confiance en moi, je n'ai aucune idée d'où nous mènera cette histoire, mais je veux profiter tant que je le peux, puis je vais bientôt être majeure et ensuite, je ferais exactement ce que je veux, quand je veux et avec qui je veux sans avoir les sermons de ma mère. Je dois encore serrer les dents quelques mois même pas. On finira par pouvoir montrer notre amour au grand jour, les gens ne pourrons rien dire et puis si ça les gêne, on partira construire notre vie ailleurs.

Je n'en peux plus d'attendre, mon corps est brûlant de désir et je dois assouvir mes pulsions rapidement avant d'exploser, et franchement, je commence à ressentir une douleur à la main droite. Bah quoi ? Faut bien que je calme mes ardeurs entre chaque rendez-vous, ils sont tellement rares. 

Le sac sur l'épaule prête à partir me faire sauvagement prendre, dans toutes les positions qui puissent exister, mon vibreur se mit à s'affoler, ça c'est un appel et je me doute bien de qui ça peut être, qu'elle aille au diable j'ai actuellement d'autres chats à fouetter que de l'écouter m'enguirlander au téléphone, je lui dirais que j'étais à la bibliothèque avec Mila et elle sait que les téléphones sont interdits. Elle va pas me casser mon délire parce que MADAME a décidé que je devais être à la maison, séquestrée. C'est mort, elle peut rêver. 

Le bus est déjà la, je ne peux pas le louper ! Joey ne sera pas dispo autant de temps que je le souhaiterais, alors je ne veux pas louper une seule seconde. J'ai trop envie de lui, les images de nos ébats torrides vacillent dans ma tête ce qui laisse échapper un petit cri d'excitation, je me tourne pour m'assurer que personne ne m'a entendu. Le bus est pratiquement vide, ça m'étonne pas, l'hôtel ne se situe pas vraiment dans la partie huppée de la ville, c'est d'ailleurs pas très bien vu ici. Tout le monde sait que ceux qui empruntent ce bus, ne sont pas dotés d'un porte feuille extensible. Soyons honnête, ils font partis de la classe moyenne voir moyenne - basse, mais ils ont la chance d'être là, car ils le méritent, ce sont de bons élèves et pourquoi eux ne pourraient pas faire de bonnes études ? 

Et après quelques minutes de pensées obscènes, mon cœur s'emballa ! Et si ma mère débarquait au lycée pour venir me chercher comme je ne lui réponds pas ? Un coup d'œil sur le téléphone huit appels, onze sms. Si ça ce n'est pas du harcèlement, je ne vois pas d'autres mots pour qualifier son acharnement. Je ferais sûrement mieux de lui envoyer une réponse, si elle arrive au lycée trouve Mila et qu'elle lui demande où je suis, je vais carrément être dans la merde et punie à vie enfermée dans une tour à quarante étages et je finirais par crever là-bas. Mila trouvera une excuse, mais elle perd régulièrement ces moyens fasse à ma mère, faut dire elle est parfois très convaincante, même extrêmement flippante. Je ne veux pas que Mila soit dans la mouise par ma faute. Regroupant mon courage,  un petit message à ma mère, court clair et précis. En espérant qu'elle ne soit pas déjà en route.

- « Maman, désolée, je suis à la bibliothèque avec Mila, elle m'aide pour le prochain contrôle d'Espagnol. Tu sais que les téléphones sont interdits. Je prends le bus de seize heures pas la peine d'envoyer le chauffeur. Excuse-moi de ne pas t'avoir prévenue. Je t'aime ». 

J'espère qu'avec ce message ça la calmera un peu. La réponse fut immédiate.

- « Je suis ravie de voir que tu te mets enfin au travail ce n'est pas trop tôt, mais Litia aurait pu t'aider à la maison, tu es sûre que tu ne veux pas que je vienne te chercher ? » 

Putain, mais elle ne va pas me lâcher ! Je vais tenter le tout pour le tout.

- « Mila a tous les cours qu'il faut, et Litia non, pour une fois que je bosse, ne me mets pas la pression s'il te plaît ».

- « Ok. Pour cette fois, je t'attends à 16h20 à la maison. »

Quel exploit, soit elle est malade soit elle devient gentille. J'aperçois le mustang de Joey garer sur le parking, il est déjà là et j'espère qu'il m'attend tout nu sur le lit, histoire de l'avoir en bouche immédiatement.