•  > Raphaël <

    Je le savais, je savais que j'allais être en retard, j'ai voulu faire le barbo cette nuit, faire une nuit blanche, bah j'ai plus l'âge, la preuve ! Par contre je souligne ma prise de maturité puisque j'avais prévu le coup, j'ai dormi dans le parc qui est à quelques minutes du lieu de rendez-vous, il y a même un toilette avec un lavabo et c'est vraiment pas crado, alors bonne idée hein ? Du coup je gagne le trajet, car imaginez, si j'avais été à la bourre de mon toit ? Haha j'aurais mis bien plus de temps ! Y'en a là-dedans, j'ai fait ma toilette rapide, je rêve déjà de la douche du chalet... De l'eau chaude. 
    J'ai emprunté le chemin qui mène au parking par l'arrière, avec mon pauvre sac tout pourri. Mais écolo ! Faut retenir ca ! 
    Le bus est déjà là, merde, j'aurais voulu arriver un peu avant histoire d'aider les élèves. Dans le noir, je voyais des silhouettes dans le bus, ceux qui se battent pour être au fond. La meilleure place. Deux hommes discutent, je distingue Joey et un homme qui m'est complètement inconnu un parent d'élèves sûrement. 

    Chapitre 15

    Ils ne m'ont pas vu et je parviens à comprendre que la discussion est loin d'être amicale... Je suis bien trop curieux et je suis caché pourquoi me priver. 

    - Vous ne pouvez pas me demander de faire ça ! 
    - Mais on ne vous donne pas le choix Monsieur Dufray. Soit vous faites ce qu'on vous dit ou alors nous arrêtons de financer. C'était ce qui était convenu, non ? Tout va bien avec elle non ? 
    - Oui très bien, pourquoi ça n'irait pas ? 
    - Elle vous fait confiance ? 
    - Oui, je crois. 
    - Vous avez bien passé la nuit ensemble il y a un mois ? 
    - Il y a un mois ? 
    - Oui elle n'est rentrée que dans la matinée, elle était bien avec vous a l'hôtel non ? 
    - Oh oui cette nuit-là oui évidemment, nous étions ensemble... 
    - Bon alors, autant continuer maintenant. Pensez à votre femme, ça doit être difficile pour elle de savoir que vous couchez avec une jeune ado pour son propre bonheur, et pour votre futur. 
    - Et si ça se passe mal ? 
    - Je vous conseillerais de changer de pays. 

    Une brindille cassa sous mon poids, les deux hommes se retournèrent, je fis mine d'être essoufflé. 

    Chapitre 15

    - Bonjour Joey désolé de mon retard.
    - Bonjour Raphael, oh je suis impoli voici Grégory c'est le père d'une élève. 
    - Bonjour. Je ferais mieux de filer aider les étudiants à mettre les bagages dans la soute. Au revoir Monsieur. 

    J'ai avancé en mode comédien ! J'aimerais bien savoir qui est la fille de cet homme. Comment est-ce que cette histoire peut être possible, si j'ai bien compris, Joey se taperait une mineure pour du fric ? Qu'est-ce que sa femme vient faire dans l'histoire ? .... S'il pense qu'il va pouvoir un instant se taper une étudiante alors que je suis au courant, pas question... Je dois savoir qui est cette élève ! Tiens Clémentine est là, visiblement elle a du mal à porter son sac, j'avais reçu son petit message d'inquiétude. Je me suis approché d'elle et j'ai chuchoté à son oreille furtivement. 

    - J'suis là ! Tu as besoin d'aide ? 
    - Ah cool, même si je sais qu'on ne peut pas partir sans toi, je commençais à légèrement m'inquiéter. 
    - J'avais prévu le coup. J'ai dormi pas loin. Dans le parc. 
    - Tu déconnes ? 
    - Non pas du tout ! Et regarde me voilà ! 
    - Pas faux. Tu as eu de la chance de ne pas te faire sortir par le gardien de nuit. 
    - T'inquiètes, je me cache bien. 

    J'ai lancé un regard en arrière, la conversation se terminait entre les deux hommes. Je pourrais peut-être en profiter pour demander à Clémentine qui est cet homme. Mais elle fut plus rapide que moi. 

    - J'aimerais bien savoir ce qu'ils se disent depuis dix minutes ces deux-là.
    - Tu sais qui c'est ? 
    - Malheureusement. C'est Monseigneur Gregory. 
    - Un parent d'élèves Joey m'a dit. 
    - Non Non et Non, ce n'est pas un parent d'élèves ! Ça m'agace ! 
    - T'énerves pas après moi. C'est ce qu'on m'a dit ! 
    - Et bien non ! Il n'est pas parent d'élèves, puisque ce n'est pas mon père, mais juste le crétin qui sert de mec à ma mère. Nuance. J'aimerais bien que les gens se le mettent en tête. 

    Chapitre 15

    C'est la douche froide là pour moi. Donc la fille que se tape Joey est donc Clémentine. S U P E R, je suis ravi de l'apprendre.... Je ne sais même pas quoi lui répondre en fait. Je suis trop déçu. Je ne vais pas dire le contraire ouais elle me plaît un peu enfin, j'aurais pu tenter un rapprochement, mais maintenant que je sais ça, c'est mort. Elle se tape un mec avec le double de son âge ! Pourquoi ? Enfin, quand j'y pense, pourquoi Joey a dit à ce mec qu'il était avec elle, alors que c'est faux, elle était avec moi, sur mon toit ! J'comprends que dalle. Mais je compte bien découvrir la vérité. En une fraction de seconde, je suis passé : de je suis super heureux à, putain, je suis blasé. L'ascenseur émotionnel. Comment je vais faire maintenant ? Elle va voir direct que je suis mal quand elle va me parler. Parce que devant une fille, je ne suis pas du tout un bon comédien.

    Chapitre 15

    La seule solution que j'ai trouvée pour couper court a ce moment, c'est de partir sans rien lui dire pour aider d'autres élèves... J'suis naze, putain. Je suis monté dans le bus, pour compter les premiers élèves installés, le compte est bon. 18 dedans et 15 encore dehors à dire au revoir à leurs parents, je vois même une maman en larmes. 

    Joey fit rentrer les derniers élèves, cinq minutes, le temps que tout le monde se place à côté des copains, qu'ils mettent du temps ma parole. 

    - Bon, tout le monde est installé ? Nous avons cinq heures de route en bus pour arriver au port. Soyez patient, car le trajet en bateau va durer pratiquement dix heures, par contre vu l'heure, je ne veux rien entendre, certains voudront sûrement se rendormir alors un peu de respect.
    - Pffff
    - Et oui jeunes gens ! Alors à partir de maintenant, je ne veux plus aucun bruit ! 

    Le bus sortit du parking. Ça va être très long, je le sens bien.


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  • > Clémentine <

    Cher Journal,

    Je profite des derniers moments de calme dans une des cabines du ferry. Je n'en reviens pas d'être ici. Si on m'avait dit, il y a six mois, que je serais en route à cette heure dans un ferry vraiment sympa pour une superbe destination et tout ça pour la bonne cause, je n'y aurais pas cru. Malgré les cinq heures de bus où les vomitos, se sont enchaînés pour certaines de mes camarades, la fatigue et les caprices pour d'autres, j'y suis plus près que jamais, alors tant pis pour toutes ces affreuses images de vomis accrochées dans les longs cheveux blonds de Clara, sans être méchante, ça la fera peut-être redescendre un peu, elle a un melon surdimensionné, c'est impressionnant, elle sort avec le crétin sportif, vous savez celui qui est dans mon bus le matin... Qui se la pète avec ses pectoraux et son Qi à 0. Tant pis pour ça, tant pis aussi si Mila m'a cassé les oreilles avec ses encyclopédies sur Selvadora, c'est bon je crois qu'avec elle, il m'est impossible de me perdre, son impatience a fait monter mon excitation, j'ai une boule au ventre. C'est tout nouveau pour moi, alors oui on a beaucoup déménagé, mais j'étais trop jeune, je n'ai que très peu de souvenirs de mon enfance, bon en même temps, j'ai une mémoire de poisson rouge ça n'arrange pas les choses sûrement. J'aurais aimé parler à Raphaël avant d'arriver, j'ai une drôle d'impression, depuis notre courte conversation ce matin, j'ai le pressentiment qu'il a mis une distance, il ne m'adresse pratiquement aucun regard ou timidement, je le vois fuir quand on vient à se croiser même de loin. Je ne veux pas qu'il pense que je suis comme les autres... Peut-être que Joey lui a parlé de Grégory lors d'une conversation, je ne sais pas et le fait que je lui dise ça lui a fait peur ? Ou alors je me fais des films et qu'il veut juste être discret vis-à-vis des autres élèves ? J'aurais l'occasion de lui parler de toute façon... J'espère.

    Chapitre 16

    Mila était rentrée en trombe dans la cabine, avec la surprise, j'en ai fermé radicalement mon journal intime, une habitude de la maison, si ma mère voyait que j'avais un journal, elle retournerait toute ma chambre pour le lire. 

    - Désolée, je t'ai fait peur ?
    - Non, ça va, qu'est ce qui t'arrive ? 
    - On arrive dans pas longtemps, faut que tu viennes voir sur le pont, c'est juste Wahou !!! Il y a des lumières partout, la nuit est tombée, c'est juste SUBLIME ! 
    - Je ne peux pas rater ça !

    Je remis mon précieux confident dans mon sac à main, Mila sautillait sur place, je crois qu'on était toutes les deux dans un état d'euphorie. Je ne sais pas trop si on peut dire ça comme ça, mais elle a soif de culture et moi de liberté, c'est ptêtre pour ça qu'on s'entend si bien, c'est vrai quand on y pense, quand elle me fait un exposé sur un pays, d'ailleurs, je n'arrive toujours pas à comprendre comment elle peut connaître autant de détails, ça m'épatera toujours. Elle me le raconte avec passion, comme si sa vie en dépendait et ça, ça me fait voyager, et comme on dit, l'espoir fait vivre. Elle me prit par la main pour que j'avance plus vite. 

    Chapitre 16

    - Tu ne m'avais pas dit que tu tenais un journal.
    - Ne te moque pas...
    - Pas du tout, c'est cool, je trouve ! 
    - C'est vrai ? 
    - Ouais, moi, je murmure mes secrets à Dolington, c'est pareil sauf que toi, tu les poses sur papier. 
    - Dolington ? 
    - Je te le présenterais ce soir, pour l'instant dépêche-toi, on arrive dans pas longtemps tu vas tout louper. D'ailleurs, tu es resté enfermée dans la cabine tout le trajet ? 
    - Ouais, j'étais fatiguée. Et j'aime pas trop faire du lèche-vitrine... 
    - Tu loupes vraiment plein de choses ! C'est désolant ! 

    La lune illumine tout le pont, elle me paraît énorme, c'est dingue, et toutes ces lumières, je n'ai pas de mot, je regarde partout, Mila me regarde du coin de l'œil et je vois son sourire, elle doit voir le mien aussi. Je suis vraiment contente d'être ici... Avec elle... Avec moi, la vraie moi. Une annonce sortit du haut-parleur, « Mesdames Messieurs nous sommes arrivés à destination, merci de rejoindre le hall, nous espérons que vous avez apprécié la ballade ». J'ai profité de la vue encore quelques secondes, j'ai fermé les yeux pour prendre le paysage éclairé en photo et le graver à jamais dans ma tête. 

    Chapitre 16

    - Allez viens, on doit y aller ! Je veux pouvoir choisir notre chambre ! 
    - Oui ! 

    Raphael et Joey nous attendaient déjà, mais aucun élève mis à part Delphine qui est toujours la première partout et en tout, ça en est même déconcertant franchement, c'est une tête, elle a sauté 3 classes, elle sait déjà ce qu'elle veut faire plus tard, alors que moi je ne sais pas du tout à quoi va ressembler ma vie … 
    Le silence règne, je vois des têtes endormies un peu partout, et les seules en forme, comme des gardons c'est Mila est moi alors c'est sûr on va courir bien plus vite que les autres. Elle me regarde avec son sourire de compétition, elle avait compris, c'est dingue comme si elle était télépathe ! Joey finit de compter les élèves et au moment où j'ai senti son doigt sur mon épaule à mon tour, son regard a croisé le mien. Et ça fait mal, un mal de chien putain. Je n'avais pas pensé à lui depuis un moment, je l'avais complètement mis de côté depuis mon retour, et là, d'un coup, juste un regard, son regard si profond, celui qui m'a électrisé le premier jour... J'ai toutes les images de ses caresses en tête, comme si mon cœur se brisait à nouveau, un sale goût amer. Putain. Les portes du ferry se sont ouvertes, j'ai senti le vent frais sur ma peau, Mila me disait qu'il faisait extrêmement humide ici. Elle s'est trompée ! Oh Mila s'est trompée, je ne manquerais pas de la charrier quand on sera installé ! Joey est passé devant nous, et Raphaël est resté à l'arrière. Des locaux du pays sont venus nous accueillir, c'est tellement chaleureux, je n'ai déjà plus envie de repartir. 

    Chapitre 16

    - S'il vous plaît ! Un peu de silence ! Pour plus de facilité, nous allons nous partager en deux groupes, Raphaël prendra une moitié et moi l'autre. Donc on va vous demander de vous mettre par 2 pour les chambres. Avant que vous ne le demandiez, les chambres mixtes, c'est non !
    - Oooooooh … 
    - Comme, il se fait tard, nos hôtes, vous ont gentiment déposé vos repas dans vos chalets, pour le groupe qui aide au nettoyage, vous partez avec Raphael, ne vous couchez pas trop tard car demain vous partez tôt, Raphaël vous expliquera tout le programme quand vous serez à vos bungalows. Donc ceux qui veulent des vacances pénardes à glander vous me suivez, j'ai déjà compté, je devrais en avoir 16. 

    C'est pas vraiment étonnant, on sait très bien qui ne va pas mettre les mains dans la merde.... C'est même plus étonnant en fait. 

    - On va avec Raph nous, hein Clém ? 
    - Raph ? Tu ne trouves pas que c'est un peu trop personnel ? 
    - Tu trouves ?
    - Ouais carrément, tu ne le connais même pas ! 
    - J'y compte bien ! 

    Ouais, bon, j'ai été un peu froide, j'avoue, mais je crois qu'elle a le béguin pour Raphaël, je n'avais pas du tout pensé qu'elle avait pu se rapprocher de lui pendant mon absence.... Nous avons suivi dans le plus grand calme jusqu'à arriver à des toutes petites maisons en bois. Des petites lanternes desservent chacune d'elles. 
    Nous sommes 14, quelqu'un va, se retrouver seul, Delphine est dans son coin, elle ne parle pas beaucoup, mais elle me fait de la peine. 

    - Delphine, tu n'as pas de binôme ?
    - Non Monsieur …. 
    - Elle peut venir avec nous si elle veut ? 

    Quoi ? J'suis pas un monstre, je ne pourrais pas rester toute seule dans une chambre dans un endroit inconnu, alors j'apprécierais aussi que quelqu'un fasse preuve de gentillesse à mon égard en m'invitant. 

    - Merci Clém...entine, Delphine ça te va ?
    - Oui Monsieur, Merci les filles.
    - Je vous laisse choisir votre chambre, s'il y a un problème, je vais m'installer dans celle du milieu pour avoir un œil sur tout le monde. Si vous avez un souci n'hésitez pas à venir me voir. 


    Mila me prit par la main, et courut à son objectif, je comprends très bien son manège, elle a prit la maison à côté de celle de Raphaël.... Étonnant.
    Elle défonça presque la porte pour rentrer, c'était beau, très beau sans être trop, tout ce que j'aime. Tout était bien agencé. Delphine sauta sur le lit de droite et Mila celui du milieu, il ne me reste donc que le lit sous la fenêtre. On avait même un petit salon avec des petits gâteaux.

    Chapitre 16

    - On va être super bien ici !
    - J'suis trop contente ! 
    - Merci les filles de m'avoir prise, je n'aurais pas pu rester toute seule. 
    - Vous voulez manger ? J'ai trop les crocs ! 
    - Grave ! À table ! 

    On avait mangé tranquillement, et comme quand on est petit, on a enfilé nos pyjamas pour se raconter les péripéties de certains de nos camarades pendant le trajet, je n'avais jamais entendu Delphine rigoler, et ça fait du bien de la voir sous un autre jour. Elle est finalement juste aussi bizarre que nous. Mila a fini par s'endormir sur le canapé et je ne sais pas combien de fois, j'ai baillé en dix minutes.

    - Je vais aller me coucher Clém. On la réveille ? 
    - Non ! Surtout pas ! Je vais la couvrir !

    Lumière éteinte, je rêve des prochains jours, je ne suis pas stressée comme j'aurais pensé, non je suis complètement détendue. Loin d'eux j'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre... Quelqu'un de bien.

    Chapitre 16


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  • > Joey <

    Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? J'ai passé l'âge d'espionner les gens à travers une fenêtre pendant qu'ils dorment... C'est prendre le risque de tout perdre, et si un élève me voyait ? Ou même pire ! Je voulais juste jeter un coup d'œil, je sais que sa mère va me contacter ce soir ou au plus tard demain matin, je pourrais au moins lui dire qu'elle est bien installée, par chance je savais qu'elle irait dans le groupe de Raphaël, elle fera tout pour rester loin de moi, je ne suis pas fier de ce que j'ai fait et de ce que je fais encore, dans ma tête ça devrait limpide, je devrais dire au diable l'argent, mais mon cœur veut tellement fonder une famille, mon mauvais côté me dit que c'est pas grave, qu'elle s'en remettra, elle est jeune elle aura un jour un coup de cœur pour un garçon qui lui fera tout oublier alors pourquoi arrêter maintenant alors que je suis si près du but et puis ma tête me dit tant pis pour l'argent, que je trouverais une autre solution, mais c'est tout autre, je n'ai aucune idée de où je pourrais trouver autant d'argent, ça me paraissait une bonne idée au début, je n'avais pas du tout pensé à ça, sur l'instant j'ai juste pensé à moi, et le fait que Charlène soit d'accord, je n'ai pas pensé à réfléchir à tout ce que ça impliquait. 

    C'était clair pour moi, pendant son absence, ils n'avaient pas besoin de moi, je les avais presque oublié et ce matin son beau-père m'a fait remettre les pieds sur terre. Je n'ai jamais voulu être ce genre d'homme, j'ai même du mal à me regarder dans le miroir et quand je vois ma femme sourire tous mes doutes s'estompent et je ne pense plus qu'à notre bonheur. 
    Au moment de repartir, la branche sous mon pied craqua, mon cœur s'arrêta, les chalets étaient plongés dans le noir, mais je n'avais pas imaginé que Raphaël faisait une ronde.

    - Qui est là ?
    - … 

    Je retenais ma respiration, mais la lumière de sa torche m'éblouit, je suis bloqué, comme un délinquant pris la main dans le sac. 

    Chapitre 17

    - Joey ?
    - Oh Raphaël, tu ne dors pas ? 
    - Qu'est-ce que tu fais là ? 
    - Euh, je pensais que tu dormais, alors je faisais moi aussi un tour, pour voir si tout allait bien ! 
    - En regardant par la fenêtre du chalet de Clémentine ? 
    - Non pas du tout, j'ai trébuché, il fait très sombre ! Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ? 
    - Comme tu peux voir, tout le monde va bien et ils ont tous trouvé les bras de Morphée. 
    - Très bien ! Alors je file aussi, je suis fatigué. 
    - Ouais.... À demain Joey. 

    Chapitre 17

    S'il ne commence pas à se faire des idées, c'est qu'il est vraiment con. Entre, son passage au moment de notre conversation avec Grégory, où j'ai bien l'impression qu'il a entendu plus que nécessaire, et maintenant ça, rien n'est fait pour arranger le malaise. 

    Ce séjour s'annonce plus que compliqué, si je pense égoïstement, j'aurais même préféré que Clémentine reste séquestrée chez elle, qu'elle loupe son contrôle, ça m'aurait retiré une aiguille du pied, il n'y aurait pas eu cette discussion houleuse avec son beau-père, ses parents m'auraient fichu la paix et Raphaël n'aurait pas eu à se poser de questions. Ça aurait pu être un séjour parfait a l'abri de tout problème. C'est affreux toutes ces pensées, Clémentine n'est pas un problème, c'est moi et moi seul qui me suis entraîné dans cette merde, cette gamine subit tout ça, elle n'a pas demandé à être espionné toute sa vie, elle est baladée de mensonge en mensonge, je ne sais même pas pourquoi ils font ça, sa mère m'a toujours répété « Vous savez ce que vous avez à savoir », elle paye et moi, je ferme les yeux... 

    Chapitre 17


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  • > Clémentine <

    La nuit a été courte, surtout pour moi, Il y avait plein de bruit dehors, des craquements, des vocalises d'animaux en tout genre et le pire c'est le ronflement de Mila. Jamais, de ma vie, je n'ai entendu une fille ronfler aussi fort. À première vue elle a bien dormi, elle est déjà en mode pile électrique alors que moi j'ai juste envie de me cacher sous la couette encore quelques heures. 

    - Vous êtes prêtes les filles ?
    - Bonjour ! Comme tu peux le voir, mon pyjama est parfait pour aller nettoyer la planète ! 
    - Aller arrête de faire ton aigrie, et bouge tes fesses. 
    - Ok Chef. 

    Chapitre 18

    Elle n’a pas tort en même temps, je ne suis pas ici pour flâner, j'ai passé bien assez de temps enfermée chez moi pour louper même une heure de liberté. 

    - Vous savez où on prend le petit déjeuner ?
    - Aucune idée ! 
    - Je vais aller demander à Raphaël ! Vous pensez qu'il est réveillé ou j'aurais la chance de le voir en caleçon ? 
    - Calme-toi Mila quand même ! 
    - Quelle rabat-joie ! Il n'y a pas que toi qui a le droit de profiter du séjour ! 

    Sincèrement, ça me fait chier, Mila qui craque pour Raphaël. Et moi dans tout ça ? Il ne m'a pas adressé la parole pendant tout le trajet, il m'a snobé lors du débarquement, alors que je suis dans son groupe, je ne comprends pas du tout son délire, avant cette punition ça allait très bien pourtant et là, il agit avec moi comme si je le dégoûtais. Il ne va pas s'en sortir comme ça, je suis en droit d'avoir une explication ou alors qu'il me confirme que la parano me fait partir en vrille. Et c'est fort possible aussi ! Mila fit son apparition avec une moue blasée. 

    Chapitre 18

    - Il était déjà prêt et il nous attend dehors.
    - Ah cool, j'ai super faim ! 

    Delphine sortit presque en courant, je ne savais pas quoi dire à Mila alors j'ai fait mine de ranger mon pyjama. 

    - Je t'avoue que je suis déçue !
    - Pourquoi ? 
    - Bah, je n'ai pas vu les fesses de Raphaël ! 
    - On va vraiment parler des fesses du type qui a genre cinq ans de plus que nous, juste avant le petit-déj ? 
    - Pourquoi pas ? C'est vrai non, il est plutôt mignon ? 
    - Oui peut-être. Tu vas vraiment insister ? 
    - Et mais qu'est-ce qu'il t'arrive pour être aussi méchante ? 
    - Rien mais tu me saoules dès le matin-là avec un gars qu'on connait même pas ! 
    - Il te plaît ? 
    - Pas de tout, je te le laisse, c'est juste que c'est chiant … J'y vais, j'ai vraiment la dalle. 

    Chapitre 18

    J'aime pas lui parler comme ça, mais elle me gonfle à rabâcher Raphael par ci, Raphael par là. Un peu je peux l'accepter, mais trop, c'est trop, puis comme ça elle arrêtera de me pomper l'air. 

    Il fait encore frais. C'est agréable. En arrivant vers mes camarades certains plus réveillés que d'autres, Raphaël se tenait en face de moi, « c'est vrai qu'il est canon ». Mila s'est installée devant moi, je me sens d'autant plus mal face au mensonge, en vérité ça me fait vraiment chier, s'il y a un rapprochement entre eux, c'est drôle, je ne le connais pas vraiment et j'ai pourtant cette sensation de ne pas vouloir le voir partager le feeling qu'on a eu pu avoir avec une autre. Alors déjà, que c'est un beau merdier d'être ici avec Joey, plus l'attitude complètement chelou de Raphaël, et ma copine à qui je mens qui craque sur un mec sur qui je pourrais potentiellement craquer, mais les trois confondus, c'est beaucoup trop pour moi. 

    - Salut tout le monde, vous avez bien dormi ?

    Visiblement tout le monde acquiesça, donc je suis la seule a avoir passé une nuit de merde.

    - Merveilleux ! Les nuits ici sont bien plus reposantes vous ne trouvez pas ? On va aller prendre des forces avant de commencer la journée. Tout le monde est là ?
    - Oui M'sieur. 
    - Alors go, ne perdons pas de temps ! 

    Chapitre 18

    Je vois le manège de Mila avec Raphaël, elle marche collée à lui, à rigoler comme une cagole, je l'ai jamais vue comme ça, et ce n'est pas du tout la Mila que j'aime, elle fait sa pimbêche, comme si elle avait eu besoin de mon autorisation pour essayer de se rapprocher de Raphaël, elle est ridicule et en plus j'suis sûre elle est encore vierge. Il a 22 ans, il ne va pas sortir avec une vierge mineure. C'est pas possible, puis c'est ptêtre même pas son genre. 
    Nous n'avions rien pu voir de la beauté de cet endroit en arrivant hier, il faisait nuit et franchement j'avais pas du tout envie d'explorer la forêt aussi tard et complètement exténuée. Et ce que j'aime le plus ? C'est le chant des oiseaux en chœur, ils donnent envie de se réveiller chaque matin ici. 
    On arrive devant un petit local, un restaurant typique de Selvadora. Joey est déjà la, alors que je ne vois aucun élève de son groupe. Il pouvait pas rester sagement dans son chalet, non, il préfère venir se pavaner et me poser sa face de mari infidèle au réveil. Qu'il aille brûler en enfer ! 

    - Bonjour, comment était cette première nuit ?
    - J'ai vraiment bien dormi, en plus avec Raphaël, je me suis sentie vraiment en sécurité. 

    Chapitre 18

    Non mais ma parole, elle a honte de rien ? Devant un prof au calme, la meuf joue la fille niaise pour pécho, il manquait plus que le rire de pétasse et elle était au top. En fait, elle cache bien son jeu, sous ces airs d'intello, c'est une grosse chaudière, même Joey avait haussé le sourcil, tellement il la trouvait ridicule ! 

    - Je vous laisse aller déjeuner, vous avez une grosse journée qui vous attend, prenez des forces.
    - On va où Monsieur ce matin ? 
    - A dix kilomètres d'ici, je vous laisse la surprise. Ne tardez pas trop à manger, car on a une heure de marche pour y accéder. 

    Marcher ? Une heure ? Je ne voudrais pas faire ma mesquine, mais intérieurement, je jubile. Quelle idée de mettre des petits talons pour nettoyer la planète ! Mila risque d'avoir quelque peu mal aux pieds ce soir. 

    Chapitre 18


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  • > Clémentine <

    Déjà trois heures que nous sommes en train de transpirer, à peine arrivé on a vu l'envers du décor, le sable est couvert de détritus en tout genre, des pailles, des mégots de clopes, des papiers. On a tous été choqué de l'état de cette étendue de sables, ne parlons même pas de la couleur de l'eau, je comprends pas que les gens puissent partir en laissant tout ça, même si on se fiche de l'écologie, c'est sûr que pour certains c'est le cadet de leur soucis, d'ailleurs à tous les coups, on va passer derrière le groupe de Dufray pour nettoyer leurs conneries, c'est quand même fou ce matin quand on est sorti pour aller déjeuner, je n'ai vu aucun papier traîner sur le sol, même pendant le trajet, tout était beau, les singes se balançaient de liane en liane, les oiseaux chantaient, l'ambiance était au beau fixe, personne ne s'est plaint d'avoir mal aux pieds ou d'être fatigué , on a même chanté une chanson pour se motiver pendant que Mila était collée à Raphaël, le bassinant avec toutes ses connaissances.

    Chapitre 19

    Et arrivés à une parcelle dite normalement « interdite », c'était un tout autre paysage, on est tous redescendu en voyant l'ampleur des dégâts. Raphaël nous avait prévenus que le centre de l'île était nettoyé par les employés mais que certaines parties de l'île étaient laissées à l'abandon par manque de budget, mais on était loin de penser que c'était dans cet état, et vu la tête de Raphaël sur les lieux, je pense que lui non plus ne s'attendait pas à cela. J'suis même pas sûre qu'on aura terminé avant la tombée de la nuit, on va être bon pour revenir demain, en attendant on donne toute l'énergie qu'on a et Mila plus que n'importe lequel du groupe, elle veut se faire bien voir, et la moutarde est en train de me monter plus que jamais, je ne supporte pas de la voir jouer à ce jeu, elle qui avait peur d'être seule, qui voulait passer le séjour avec moi, un mec ? Et la copine existe plus. Cool.

    [Quelques heures plus tard ...]

    Chapitre 19

    On a bien avancé et Raphaël est parti depuis un bon moment maintenant, vérifier qu'il n'y ait pas de dégradation dans la maison du garde forestier. Je ne suis pas la seule à avoir remarqué son absence prolongée. 

    - Ça fait longtemps qu'il est parti Raphaël vous ne trouvez pas ? 
    - J'avoue, et je commence à avoir la dalle moi en plus ;
    - Je vais aller voir, on ne sait jamais. 

    C'était l'occasion pour moi de lui demander des explications en privé, j'attrapais le bras de Mila. 

    - Tu ne devrais pas trop en faire.
    - Comment ça ? 
    - Bah tu es restée scotchée à lui tout le trajet ! 
    - Scotchée !Tu n'abuses pas un peu ? 
    - Laisse-moi finir, tu sais les mecs ils n’aiment pas trop qu'on soit tout le temps sur eux. 
    - A parce que tu t'y connais en mec maintenant ? 
    - Sympa. 

    Chapitre 19

    Prends-toi ça dans les dents, je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'elle m'envoie chier de cette façon, je n'ai pas été tendre avec elle, bien fait pour moi. Pourtant, elle s'arrêta puis se tourna vers moi, toute mielleuse. 

    - Tu as peut-être raison finalement. J'aurais bien le temps de le voir. 
    - Quelqu'un veut y aller ? 
    - … 
    - Personne ? Je me dévoue … Parce que j'ai faim aussi. 
    - Merci Clém ! 

    Vraiment très arrangeant tout ça, la chance est de mon côté. La maison n'est pas loin, cachée par toutes les ronces et les lianes emmêlées entre elles. 

    - Raphaël ? 
    - Je suis dedans ! 

    Le perron est dans un sale état, les chaises sont cassées en morceaux, il y a des tags sur les murs, et en poussant la porte, c'était guère mieux dedans. 

    Chapitre 19

    - Raph c'est Clém. 
    - Oh c'est toi, je croyais que c'était Mila ! 
    Je peux te l'appeler si tu veux ? 
    - Oh non, par pitié non, un peu de calme ça fait du bien ! 

    Elle en a trop fait, c'était sûr, les gars aiment pas les sangsues. 

    - Les autres ont faim, on a bien avancé. 
    - C'est déjà l'heure ? Combien de temps je suis parti ? 
    - Un bon moment ! 
    - Je suis désolé, j'essaye de remettre un peu tout ça en place, ils ont tout saccagé. 

    Pourquoi ne m'adresse-t-il pas un seul regard ? 

    - Dis-moi Raph, j'ai le sentiment qui a un malaise entre nous, je me trompe ? 
    - Pourquoi tu dis ça ? 
    - Tu tournes le regard quand tu me vois, tu ne me parles pas vraiment depuis hier matin qu'on a prit le bus, alors je me fais peut-être des idées mais si c'est pas le cas, tu peux me dire qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ou qu'est-ce que j'ai fait ? 
    - Je ne suis pas sûr que ce soit le bon endroit, pour en parler. 
    - Ah alors j'avais raison, il y a quelque chose ! 
    - Youhou vous êtes où ? 
    - PUTAIN, elle ne peut pas te lâcher cinq minutes elle non ? 
    - Jalouse ?
    - Pas du tout ! C'est juste qu'il y a pas moyen de discuter tranquillement sans qu'elle soit dans tes pattes.
    - J'avoue qu'elle est légèrement collante. On ferait mieux d'y aller.

    Chapitre 19

    Trop tard, Mila venait de faire interruption dans la pièce. Elle commence sérieusement a me sortir par les trous de nez celle-là, il y a pas moyen d'être juste un instant tranquille. 

    Qu'est-ce que vous faites dans le noir ? Qu'est ce que ça pue ici ! 
    -  Je montrais à Clémentine comme les gens sont irrespectueux. Venez, on va manger, j'ai faim aussi. 

    Mila avait rigolé comme une pintade alors que c'était loin d'être drôle, nul doute, elle veut lui mettre le grappin dessus, nous avons rejoint les autres. Il va devoir m'expliquer son souci, je ne le lâcherais pas. 

    - Whoua, mais vous avez sacrément bien bossé ! 
    - On a pas chômé ! On peut manger M'sieur? Pitié ? 
    - Oui une pause vous fera du bien, j'avais peur de devoir revenir demain, avec des éléments comme vous, ça va être rapide, il nous restera même du temps pour nous reposer avant la soirée camping de ce soir. 
    - Une soirée camping ? Le genre de soirée autour d'un feu à griller des guimauves ? 
    - Exactement ce genre de soirée Mila. 
    - L'autre groupe sera là ? 
    - Oui, c'est une soirée collective. 

    Les avis sont mitigés, se raconter des histoires autour d'un feu, ça doit être trop bien, mais partager une soirée autour d'un feu avec les autres crétins, c'est beaucoup moins fantastique.... 

    J'aimerais vraiment savoir pourquoi Raphaël a un souci avec moi, je n'ai pas le souvenir de l'avoir blessé et vu mon absence du dernier mois, je ne vois vraiment pas ce qu'il a contre moi...

    Chapitre 19


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